Lieux de culte

Vous pourrez découvrir 2 chapelles et 1 église sur la commune de Luzech

Chapelle des Pénitents

Une chapelle aux multiples vocations

Dès son origine, à la charnière des XIIe et XIIIe siècles, la chapelle semble liée à un ensemble hospitalier aujourd’hui disparu. A la fin du XVIe siècle, alors que les guerres de Religion sévissent en Quercy, une confrérie religieuse, composée de laïcs, celle des Pénitents bleus, s’installe à Luzech. Revêtus de leur habit de toile bleue, les Pénitents accomplissent des processions, notamment vers l’église Saint-Pierre ou la chapelle Notre-Dame-de-l’Île. La confrérie tient réunion et célèbre ses offices dans la chapelle qui est adaptée à de nouvelles exigences, d’où d’importantes modifications pour l’édifice : orientation (?), mobilier, décoration, aménagement. Avec la Révolution, la chapelle perd sa fonction : la bâtiment est désaffecté et dévolu à la Société montagnarde, créée à Luzech en 1793. A diverses reprises des élections municipales s’y déroulent.

Un temps suspendue, la confrérie des Pénitents se réforme au XIXe siècle, et occupe la chapelle jusqu’à la fin du Second Empire.

img_1310b Aujourd’hui des offices religieux y sont toujours célébrés.

Un édifice simple aux nombreux remaniements

La façade sur rue présente certains éléments romans peu représentés dans le Quercy : chevet plat, triplet de baies, rose (le portail sera aménagé par la suite).

01bLe clocher, percé de baies aux formes romanes, est construit plus tard ; il rappelle par son toit l’architecture traditionnelle de la région. A l’origine, certaines dispositions différaient et la chapelle bénéficiait d’un tout autre éclairage puisque nombre de ses ouvertures sont actuellement obturées. Les ouvertures signalaient les aménagements successifs: le mur latéral sud (accès par une venelle) possède deux fenêtres romanes de dimensions modestes, tandis qu’au nord, les ouvertures ont été largement surbaissées. Sous la fenêtre de la travée médiane, on observe un arc légèrement brisé, vestige probable d’un enfeu (niche qui peut abriter un tombeau). Sur l’élévation ouest, deux ouvertures aménagées avec un seuil indiquent certainement l’existence de portes en liaison avec un bâtiment antérieurement accolé à la façade.

Le plan de l’édifice, peu régulier, présente certaines anomalies. On peut observer à l’intérieur de l’édifice l’alignement des clés de voûte, particulièrement celle de la travée de choeur, largement décentrée vers le nord-ouest. Plus qu’une maladresse d’éxécution, on peut supposer que des contraintes de construction (dues au parcellaire médiéval) en sont la cause. Les voûtes témoignent de l’influence des cisterciens dans l’émergence de l’art gothique du sud-ouest de la France.

La voûte (dite sur croisée d’ogives) est portée par des arcs doubleaux à brisure légère et large intrados plat. Elle possède des ogives de section carrée qui ont la particularité de retomber en biseau sur les piliers. Ce type de voûte qui se développe avec le XIIe siècle dans l’ère tolosano-albigeoise est peu courant dans le Lot. Alors que traditionnellement les Eglises sont tournées vers l’est, le choeur se trouve ici placé à l’ouest.

Toutefois un placard liturgique situé dans la permière travée indique que la chapelle était initialement oientée. La décoration, inachevée sur la première travée, date du XIXe siècle. Composée de motifs géométriques et végétaux, elle se termine par des draperies en trompe l’oeil qui ferment le choeur. Deux croix sont placées sur les murs des travées sud dont une croix de procession d’inspiration populaire. Outre un maître-autel en bois polychrome, on remarque dans une niche aménagée dans une ancienne porte une statue en bois de saint Jean Baptiste.

L'église St-Pierre

L’église paroissiale Saint-Pierre, entourée de son cimetière, est implantée à l’écart du village : à la limite du Barry (faubourg), loin du castrum de Luzech, selon une disposition courante dans la région.

stpierre_2132bUn édifice du XIVe siècle entre tradition et particularisme

Au début du XIVe siècle, les évêques de Cahors sont seigneurs de Luzech : l’église Saint-Pierre a donc pu faire partie des chantiers qui furent entreprise sur les édifices religieux de la ville épiscopale à cette époque. Cette église aux volumes simples s’apparente aux édifices gothiques du Midi de la France. Son plan à nef unique sans transept, voûtée d’ogives et flanquée de chapelles latérales plus basses, présente toutes les caractéristiques des églises locales. Le chevet plat, cantonné de contreforts, est une spécificité qui se retrouve aux églises Saint-Pierre des Junies, de Puy-l’Evêque et de Saint-Vincent-Rive d’Olt.

La présence d’un clocher-tour surmontant le choeur est un phénomène rare en Quercy, bien qu’on retrouve cette particularité à l’église toute proche de Saint-Vincent-Rive d’Olt. Cette tour est percée des quatre côtés par deux niveaux de deux baies en arc brisé. Une niche surmontée d’un dais, au premier niveau debaies, étonne par son isolement et par sa situation curieuse sur le rocher.Cette niche, et la large fenêtre à trois jours et chapiteaux à feuillages ouverte sur le choeur à l’est, sont autant d’éléments du gothique qui permettent de dater l’église du XIVe siècle.

Les grands travaux du XIXe siècle

Afin de mieux répondre aux nouvelles préoccupations religieuses du XIXe siècle, la fabrique (assemblée des paroissiens chargés de la gestion des biens de leur église) décide d’entreprendre vers 1870 d’importants travaux dans l’église, qui avait besoin de restaurations.

stpierre_2131bLa façade, ouverte par un large portail, est surmontée d’une baie à remplages néo-gothiques. Deux murs-pigeons latéraux sont reconstruits à cette époque pour former les façades des deux nouvelles annexes . A l’intérieur de l’édifice, un vaste programme de décoration se met en place en 1880, habillant les murs nus et plutôt sévères de l’édifice. Ainsi, le mur du choeur reçoit deux majestueuses peintures à l’huile où sont représentés, sur un fond or, Saint-Pierre et Saint-Paul prêchant devant la foule. Ces deux scènes, tirés des Actes des Apôtres, ont été exécutées par le peintre cadurcien Calmon, qui fut chargé de la restauration des fresques de la cathédrale de Cahors.

Le vitrail central, qui reprend l’iconographie traditionnelle du Christ en croix entouré de la Vierge et de Saint-Jean, provient, comme tous les vitraux de l’édifice, de la manufacture Gesta de toulouse très active dans la deuxième moitié du XIXe siècle. La nef a sans doute subi des remaniements à la fin du Moyen Age comme l’attesterait la présence de culots sculptés avec des anges de type cadurcien de la fin du XVe siècle. Ils reçoivent des blasons où sont peints les monogrammes du Christ et de la Vierge, les armes des barons de luzech, celles de Monseigneur Enard, évêque de cahors de 1896 à 1906 et celles du pape Léon XIII (1878-1903)

L’aménagement intérieur fruit d’apports successifs

De nombreuses confréries existaient au Moyen-Age : certaines, comme la confrérie de la Vraie Croix, possédaient une chapelle dans l’église. Deux chapelles sont voûtées d’ogives à liernes, et on remarque des têtes sculptées sur les culots de la chapelle.

Une inscription en occitan sur une pierre encastrée dans le mur de la chapelle de la Vierge rappelle la consécration de cette chapelle en 1320. Au XIXe siècle, une nouvelle forme de dévotion se met en place. Des confréries sont érigées, comme celle du Très-Saint-Rosaire, pour développer le culte de Marie. Les chapelles reçoivent un nouveau vocable. La chapelle du Sacré-Coeur et celle de la Vierge se voient dotées d’autels en marbre d’Italie comme celui du choeur, sur lesquels repose une statue qui s’inscrit dans une mandorle (en forme d’amande) peinte sur le mur.

On a donc affaire à un ensemble cohérent, relevant d’un programme global d’aménagement de l’église, terminé à l’aube du XXe siècle. Les murs de séparation des chapelles sont percées afin de ménager un couloir de circulation pour les processions qui se déroulent à l’intérieur de l’église. Dans les bas-côtés ainsi créés, on a réemployé des pierres tombales anciennes dont certaines présentent des inscriptions : un « PETRI » peut encore se lire sur une dalle placée contre le pilier entre la nef et la chapelle. Dès le Moyen-Age en effet, des membres du clergé et certains paroissiens se firent enterrer à l’intérieur du sanctuaire, malgré l’interdiction de l’Eglise qui condamnait cette pratique.

Du mobilier antérieur aux aménagements de l’église au XIXe subsistent les deux statues de bois doré des chapelles ouest. L’une représente Saint-Thomas d’Aquin, foulant aux pieds la tête du savant arabe Averroès, un infidèle aux yeux de l’Eglise, et l’autreSaint-Dominique, identifiable à la présence d’un chien. Elles proviennent toutes deux del’église Saint-Urcisse de cahors et auraient été transférées à Luzech sous la Révolution.

[Source : Les églises buissonnières dans le Lot, collectif DESS Patrimoine de l’Université de Toulouse-le Mirail, Service Départemental de l’Architecture du Lot]

La chapelle de Notre Dame de l'Ile

Un environnement privilégié

La chapelle Notre-Dame-de-l’Ile se situe sur une presqu’île formée par une boucle du Lot d’un longueur exceptionnelle de cinq kilomètres. Isolée au milieu des vignes, elle suscite tout à la fois curiosité et apaisement. Au XIVème siècle, la chapelle se dressait sur une véritable île, d’où son nom. Un bras du Lot, appelé l’Eylo, l’isolait alors du reste de la boucle. Ce bras n’existait plus à la fin du XVIIème siècle.

Légendes et réalités sur l’origine de l’édifice

Selon la légende, plusieurs apparitions de la Vierge ont déterminé l’emplacement de cette chapelle. Après avoir descendu les flancs de la colline, la Vierge a dénoué son tablier pour l’étaler sur l’eau, a traversé ainsi le fleuve et rejoint l’extrémité de la presqu’île. A cet emplacement, les habitants de Luzech, témoins de ce miracle, ont construit une chapelle.

Une autre tradition complète cette légende. Suite à la destruction du premier édifice, une statue de la Vierge, profondément vénérée, est nichée dans le tronc d’un noyer. Plusieurs fois déposée dans l’Eglise Saint-Pierre de Luzech, elle réapparaît miraculeusement dans l’île. Un marinier reconstruit alors un nouveau sanctuaire pour remercier la Vierge de sa protection. Ces légendes de fondation de chapelles vouées aux Vierges miraculeuses se retrouvent dans toute l’Europe. Les Vierges, en apparaissant systématiquement au même endroit, choisissent l’emplacement de leur dévotion.

Notre-Dame-de-l’île compte aussi parmi les nombreux sanctuaires dédiés à la Vierge construits le long du Lot et vénérés par les mariniers. Jusqu’en 1840, date de la construction d’un canal permettant de franchir l’isthme de Luzech, les rochers à fleur d’eau et les courants violents mettaient en péril les équipages et leur cargaison. Ce passage dangereux explique la dévotion. Historiquement, l’origine de l’édifice reste obscure. Le site a dû être propice aux rites religieux et on trouve un sanctuaire attesté en 1285.

L’évolution de l’édifice

Après la guerre de Cent Ans, de nombreuses paroisses du diocèse de Cahors sont sinistrées. Le renouveau économique de la deuxième moitié du XVème siècle et la personnalité de l’évèque de Cahors, Antoine de Luzech, contribuent à la reprise des travaux sur les édifices religieux. En 1504, ce prélat bâtisseur fait raser l’ancien édifice. Le nouvel oratoire comprend alors une abside à cinq pans, prolongée par une nef d’une seule travée. Cet oratoire constitue le choeur de la chapelle actuelle. La porte est surmontée d’un écusson soutenu par deux anges présentant les armes de l’évêque: deux croissants d’argent et deux griffons d’azur.

Parfaitement lisibles, ces armes se retrouvent sur la clef de voûte du choeur. La seconde date marquante dans l’histoire de l’édifice est 1840. La chapelle, trop petite pour la foule des pélerins, est alors agrandie. Après destruction de l’ancienne façade, la nef est prolongée par deux nouvelles travées.

L’ancienne porte récupérée est intégrée dans la nouvelle façade. La nef actuelle est flanquée de deux bas-côtés, adaptés à la circulation des pélerins.

Lieu de dévotions et de pélerinages

Notre-Dame-de-l’île, Notre-Dame de la Plaine, des pélerins, des Navigateurs, des Vignerons… Ces multiples appellations témoignent des différents aspects du culte rendu à la Vierge. Dès 1285, la chapelle est présentée comme le siège d’une confrérie, association pieuse de laïcs. D’autres seront fondées jusqu’au XXème siècle. Notre-Dame-de-l’île est d’abord et surtout une chapelle de pélerinage.

Celui-ci connaît son apogée entre 1840 et 1930. Chaque année, le pélerinage se déroule durant une semaine de Septembre. Il rassemblait jusqu’à 6000 personnes en 1851. Croix de procession en tête et bannières déployées, de nombreuses paroisses du canton se rendaient à la chapelle. Les bannières qui ornent les murs de la chapelle furent offertes à la fin du XIXème siècle. De chaque côté du chemin qui mène au sanctuaire étaient installés de nombreux stands de sucreries et des auberges improvisées. Ils disparaissent au milieu du XXème siècle. Bien que le contexte ait changé, le pélerinage existe encore.

Ex-voto et graffiti

Des ex-voto, brassards de communion, couronnes de mariage, plaques de marbre recouvrent les murs de la chapelle et sont autant de marques de reconnaissances à la Vierge. Innombrables mais aussi plus discrets, des graffitis forment une tapisserie étrange. Ils témoignent des prières et des demandes de protection adressées à la Vierge. Toutes ces expressions de ferveur datent de la fin du XIXème et du XXème siècle. Deux ex-voto rares, une gabarre et un bateau de haute mer, sont actuellement accrochés à la voûte de la chapelle. Fabriquée à la fin du XIXème siècle, la gabarre, bateau à fond plat, correspond au modèle traditionnel des bateaux naviguant sur le Lot avant 1850. Les marchandises transportées sur la rivière étaient acheminées vers Bordeaux, puis vers l’Angleterre et l’Europe du Nord.

Ce trafic explique la présence à priori surprenante de la maquette du navire de mer, datant également de la fin du XIXème siècle. Ces maquettes constituent un document technologique et historique exceptionnel en Quercy

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